
Le droit d’asile n’est pas une faiblesse : c’est une leçon tirée des pires horreurs
À chaque décision de justice qui lui résiste, l’extrême droite hurle.
Dernier exemple : une décision de la Cour Nationale du Droit d’Asile du 8 décembre, aussitôt transformée en fantasme d’« invasion », d’« appel d’air » et de « grand remplacement ».
Ces affirmations sont fausses.
Et surtout, elles sont dangereuses.
Le droit d’asile est né des crimes du XXᵉ siècle
Le droit d’asile ne sort pas de nulle part.
Il est né après les pires catastrophes de l’histoire européenne : les persécutions, les déportations, les frontières fermées à ceux qui fuyaient.
C’est pour que cela ne se reproduise jamais que les démocraties ont adopté en 1951 la Convention de Genève. Cette convention est actuellement signée par 145 pays.
Son principe est limpide :
Quand un individu est menacé et que son État ne peut plus le protéger, il a droit à un examen individuel de sa situation.
Pas un droit collectif.
Pas un droit automatique.
Un droit strict, encadré, juridiquement contrôlé.
Ce que l’extrême droite ment en disant
Non, la France n’« ouvre pas grand les portes à 2 millions de réfugiés ».
Non, elle n’accueille pas seule « tous les Gazaouis ou Palestiniens ».
Non, une religion ne donne aucun droit particulier — ni en plus, ni en moins.
La décision de la CNDA concerne un dossier, un homme, une situation précise, jugée au regard du droit, pas de l’idéologie.
Parler « d’officine gauchiste », c’est refuser une vérité simple : Les juges appliquent la loi, ils ne font pas de politique identitaire.
« Qu’ils soient accueillis par des pays musulmans » : une rupture républicaine
Cet argument révèle le fond du problème.
Il nie l’universalisme.
Le droit d’asile ne connaît ni religion, ni civilisation, ni origine.
Introduire la foi comme critère, c’est revenir au tri des êtres humains.
La République française est laïque précisément pour cela : les droits ne dépendent pas de ce que l’on croit.
Défendre l’asile, sans naïveté
Défendre le droit d’asile ne signifie pas nier les enjeux migratoires.
La République doit être organisée et exigeante.
Mais elle ne peut pas :
- piétiner ses engagements,
- attaquer ses juges,
- désigner des boucs émissaires,
- ni céder à la peur.
Céder sur l’asile, c’est céder sur l’essentiel Républicain
L’extrême droite ne combat pas le droit d’asile parce qu’il serait dysfonctionnel.
Elle le combat parce qu’il empêche le retour à une politique de rejet, d’arbitraire et de tri.
Le droit d’asile est là pour rappeler ce que nous avons appris dans le sang : quand on commence à hiérarchiser les vies, plus personne n’est protégé.
Le défendre, c’est défendre la République elle-même.

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